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lundi 15 avril 2013

Entretien avec un auteur...


Estelle Faye
 

(auteure de "La dernière lame" paru aux éditions Pré aux Clercs, collection Pandore)

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Les chroniques de Lana :
Bonjour Estelle. Je te remercie d'avoir accepté de nous accorder cette interview.
Pour commencer, pourrais-je te demander de te présenter à nos lecteurs ?

Estelle Faye :
Avec deux romans, pour l'instant, à mon actif, je suis encore ce qu'on appelle un "jeune auteur". J'écris de la fantasy, du fantastique, du roman d'aventure. Et j'aime aussi le roman historique et la science fiction, les histoires de post-apocalypse notamment.

A part ça, je viens du théâtre, j'ai été comédienne, j'ai dirigé ma propre troupe, j'ai fait une école de scénario, et je réalise des courts métrages.
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Les chroniques de Lana :
A la fois scénariste, actrice et écrivain. Des questions me viennent à propos de ton profil "multi-casquettes".
Tout d'abord, qu'est-ce qui t'a donné envie de tenter l'aventure de l'écriture de roman et de faire ainsi une petite infidélité au monde du cinéma ?

Estelle Faye : 
En dernière année d'école, un peu par hasard, et parce que j'avais du temps libre, j'ai participé à un Appel à Textes pour une anthologie - Dragons chez Calmann-Lévy. Ma nouvelle a été retenue, publiée. Suite à cette publication j'ai rencontré Xavier Mauméjean, le directeur de collection de Pandore...
Et le virus de l'écriture littéraire m'a prise et ne m'a plus lâchée !
J'ai vraiment pris goût à toutes les possibilités qu'offre le roman par rapport au scénario : créer des mondes immenses, entrer "dans la tête" des personnages...
J'aime aussi le travail sur le style, chercher le ton juste pour une scène, une histoire...
Aujourd'hui, je ne pourrais plus me passer de la littérature.
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Les chroniques de Lana : 
Penses-tu que tes expériences en écriture de scénario et de jeu d'acteur ont été une aide véritable lors de l'écriture de "La dernière lame" ?

Estelle Faye : 
Le scénario m'a appris à travailler la mécanique d'une histoire, à "resserrer les boulons" d'un synopsis, à veiller au bon enchaînement des scènes.

Mon expérience de comédienne, elle, m'aide beaucoup à construire les personnages. Quand j'invente une histoire, je me mets dans la peau de chacun de mes héros, comme si j'allais jouer leur rôle sur scène. Je m'interroge sur leurs motivations, leurs réactions, leur personnalité - ce qui revient à se poser des questions comme :
"Voyons, je suis Untel, j'ai tel parcours, tel comportement, telle façon de voir le monde. Dans cette situation précise, comment vais-je agir ?"

J'essaye de construire mes personnages en partant d'eux-mêmes, et non en les faisant entrer de force dans des scènes préconçues.
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Les chroniques de Lana :  
Peux-tu nous raconter ton parcours vers l'édition ? A-t-il été semé d'embûches ou fais-tu partie de ces auteurs pour qui tout se passe comme sur des roulettes ?

Estelle Faye : 
Pour mes deux premiers romans, en fait, tout a été assez facile. Après ma nouvelle dans Dragons, j'ai rencontré Xavier Mauméjean, donc, et là tout s'est enchaîné, de manière un peu magique. Je sais que j'ai beaucoup de chance, par rapport à d'autres jeunes auteurs, et en même temps aujourd'hui je me sens à ma place dans l'écriture.
Bien sûr j'ai encore beaucoup à apprendre, mais j'ai vraiment l'impression d'être sur une voie qui me convient.
J'espère juste que pour la suite de mon parcours, tout se passera aussi bien !
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Les chroniques de Lana :  
"La dernière lame" est ton tout premier roman et je le trouve plutôt réussi (même si j'ai émis quelques petites réserves dans ma chronique). Les descriptions sont très visuelles, le suspense est omniprésent, le style est très cinématographique...
Peux-tu nous parler de la naissance de ce roman ?

Estelle Faye : 
Tout d'abord merci pour ta chronique. Les quelques réserves que tu as exprimées, ça fait partie des points que je veux travailler davantage dans mes prochains romans. Avoir des retours de lecteurs, de critiques, ça aide aussi à progresser !

L'aspect visuel de mes romans est primordial pour moi. Très souvent, mes histoires naissent d'une image. "La dernière lame" ne fait pas exception.
L'image de départ, ici, c'était une jeune femme très belle, en robe de bal, assise au bord de la mer, dans une cité autrefois somptueuse, mais qui se laissait engloutir lentement par les eaux. Une jeune femme mélancolique, aux grands yeux verts. C'est elle que j'ai vue tout d'abord, et ensuite je me suis demandée qui elle était, d'où elle venait, quelle était son histoire et celle de sa ville, du monde autour d'elle... C'est de là que le roman est parti.
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Les chroniques de Lana : 
"La dernière lame" est un roman de fantasy jeunesse, cependant j'ai trouvé que certaines scènes étaient assez dures.
Lorsque tu l'as rédigé, avais-tu en tête le public à qui serait destinée cette histoire et t'étais-tu posé certaines barrières à ne pas franchir ?

Estelle Faye : 
Quand j'ai rédigé "La dernière lame", non seulement j'avais le public cible en tête, mais j'en avais un échantillon sous la main, si on peut dire ! En effet, j'ai beaucoup discuté du synopsis avec ma cousine Léna, quatorze ans à l'époque. Elle reste une de mes premières lectrices, et aussi une grande source d'inspiration !
Quand je vois ce que lisent les ados, que ce soit en roman, en manga, en bande dessinée... je constate qu'ils vont facilement aujourd'hui vers des univers durs et sombres (ici je pense à certains passages de "Black Butler" par exemple, ou encore à la série "Apocalypsis" d'Eli Esseriam...).
Globalement, les adolescents d'aujourd'hui évoluent dans un contexte plus dur qu'il y a quinze ou vingt ans. La plupart sont conscients de toutes les crises que traverse notre société. Dès le collège, beaucoup se posent des questions graves sur leur avenir, se demandent s'ils seront au chômage ou dans quel état on leur laissera la planète. C'est aussi pour ce public là que j'écris, pour des jeunes qui ne vivent pas dans un monde tout rose, et qui cherchent dans les romans à la fois de l'évasion, de l'aventure, et un écho à leurs préoccupations.

Ensuite, en tant qu'auteur, que j'écrive pour des ados ou des adultes, je suis contre la violence et la cruauté gratuites, et je tiens toujours à équilibrer mes passages les plus sombres par une touche d'espoir.
Et quand j'écris pour la jeunesse, je ne mets aucune scène qui pourrait mettre mal à l'aise le lecteur. Ce n'est pas de l'auto-censure, ça me paraît naturel.
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Les chroniques de Lana :  
Dans ma chronique, j'ai fait part de mon étonnement concernant l'aspect temporel de ton roman.
Pourquoi avoir placé un bond temporel de sept ans entre la fin de la deuxième partie et le début de la troisième ?

Estelle Faye :  
En tant que lectrice, j'ai toujours aimé voir les effets du passage du temps sur les personnages. Quitter un héros et le retrouver dans un état différent, quelques années plus tard, j'ai toujours trouvé ça passionnant. Cela laisse aussi de la place au lecteur. Il sait plus ou moins ce qui se passe dans les "trous" de l'histoire, et en même temps il doit compléter les blancs avec son imagination.

Après, dans "La dernière Lame", j'ai poussé ce jeu assez loin. Dans mes prochains romans, je serai sûrement moins radicale !
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Les chroniques de Lana :  
J'ai un peu regretté de ne pas avoir eu plus de temps pour mieux connaître Jester, personnage ayant pourtant une place prépondérante dans l'histoire.
Pourquoi arrive-t-elle si tardivement dans l'intrigue ? Etait-ce une fois de plus un choix prémédité ?

Estelle Faye :   
Pour faire tenir tout l'univers de "La dernière Lame" dans un roman de la collection Pandore, forcément, il fallait faire des choix. Qu'allais-je montrer ? Qu'allais-je laisser dans l'ombre ?
Pour moi, certes Jester apparaît en tant que Jester assez tard dans le roman, mais sa présence, son secret irrigue toute l'histoire, et ce, dès le prologue - je n'en dis pas plus pour ne pas déflorer l'intrigue.

Cependant de nombreux lecteurs regrettent de ne pas la voir davantage "en chair et en os", et au final je les comprends. Dès que j'aurai le temps, j'écrirai une petite nouvelle ou une novella sur Jester, pour qu'on en découvre un peu plus sur elle.
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Les chroniques de Lana :   
Si tu pouvais te mettre dans la peau du personnage (appartenant à ton roman) de ton choix, lequel choisirais-tu ? Pourquoi ?

Estelle Faye :  
Jester, justement. Parce que c'est le personnage le plus mystérieux, et par certains aspects le moins humain. Donc se glisser dans sa peau, ce serait une expérience radicalement "autre" !
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Les chroniques de Lana :  
Quels sont tes auteurs préférés ?

Estelle Faye : 
Vaste question... Si j'essayais d'en faire la liste, il y aurait évidemment Jack London, pour "Martin Eden", sans doute le plus beau roman sur l'écriture. Et puis des auteurs de romans maritimes, de romans d'aventure, comme Conrad et Melville. Des auteurs de théâtre, bien sûr, Racine, Marlowe ou encore Sarah Kane. Des auteurs de romans noirs et de policiers historiques, comme James Ellroy ou Ellis Peter. Et bien sûr des auteurs de l'imaginaire : Herbert pour "Dune", Sturgeon pour "Cristal qui songe", Lovecraft et Clive Barker pour le fantastique sombre, Mathieu Gaborit pour les "Chroniques des Crépusculaires" et "Abyme"... et Francis Berthelot pour toute son œuvre !
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Les chroniques de Lana :  
Lorsque tu écris, observes-tu un petit rituel ou as-tu des manies ?

Estelle Faye : 
Je n'ai pas de rituel à proprement parler, mais j'écris quasi toujours sur de la musique, et avec un thé ou un café à portée de main.
Et j'écris beaucoup la nuit. Par moment, j'essaye de changer ça, d'avoir des horaires plus "normaux". Mais quand je termine un texte, c'est encore à coup de nuits blanches.
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Les chroniques de Lana :   
Si tu le souhaites, j'aimerais qu'on parle un peu du choix de l'illustration de couverture. Elle est magnifique, mais comme je l'ai mentionné dans ma chronique, je m'interroge beaucoup sur la place de l'auteur à ce moment du processus de publication : as-tu eu un droit de regard ou le choix est-il uniquement du ressort de l'éditeur ? Je pose cette question car j'ai souvent constaté (tout éditeurs confondus !) que les couvertures ne reflétaient pas toujours fidèlement le contenu du roman ou le descriptif des personnages.

Estelle Faye : 
Dans le cas de "La dernière Lame", je n'ai pas du tout participé au processus. Mais en même temps, je trouve que la couverture est belle et qu'elle correspond à l'ambiance du roman. Et puis c'est une vraie couverture de dessinateur, pas une photo puisée dans une banque de donnée et vaguement retravaillée sous Photoshop. Donc en tant que jeune auteur, sur ce coup, j'ai eu de la chance !
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Les chroniques de Lana :   
Envisages-tu, un jour, d'adapter "La dernière lame" pour le cinéma ?

Estelle Faye :  
A priori non. Si j'ai fait de "La dernière Lame" un roman, c'est parce que c'était pour moi la forme qu'il fallait à cette histoire.
Maintenant, si quelqu'un d'autre, un jour, désire l'adapter, et qu'il a de bonnes idées pour cela, pourquoi pas ? Mais il faudra un sacré budget !
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Les chroniques de Lana :    
Peux-tu nous parler de tes projets en cours ou à venir ?

Estelle Faye :  
En adulte, je me suis lancée dans une grande saga maritime, qui se déroule au 18e siècle, avec des grands voiliers, des passions, des abordages, de la vengeance, du sel et des embruns...
Et je vais sûrement continuer à écrire en jeunesse, mais là il est encore trop tôt pour en parler.
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Les chroniques de Lana :     
Nous sommes arrivées au mot de la fin : que souhaiterais-tu ajouter ?

Estelle Faye :  
Merci pour l'intérêt porté à "La dernière Lame". Et je te souhaite encore beaucoup de belles lectures !
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Les chroniques de Lana :   
Le blog Les chroniques de Lana te remercie pour le temps que tu as bien voulu lui accorder et te souhaite une bonne continuation dans tous tes projets.