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vendredi 24 février 2012

Mon avis sur "Le Requiem d'un Soupir" de Tiffany Schneuwly

189 pages
Editeur : Val Sombre éditions
Dates de parution : décembre 2011
Origine : France (éditeur)/ Suisse (Auteure)
Version originale
ISBN : 979-10-90623-01-9


Voici mon avis concernant "Le Requiem d'un Soupir" de Tiffany Schneuwly.


Jetons tout d'abord un oeil à la couverture.
Une jeune femme souriante. Et pourtant, elle ne semble pas si heureuse que ça. Son regard a quelque chose de triste, de songeur. Son sourire ne semble être qu'une façade. Elle semble vouloir nous faire croire que tout va bien. Cette jeune femme se prénomme Mercedes, c'est l'héroïne de ce roman.
Le fond de l'image est sombre et menaçant. Une partie des feuilles des branches d'arbre que nous apercevons a disparu. J'y vois un symbole de la maladie dont il est question dans cette merveilleuse histoire, une maladie qui prive l'organisme de l'oxygène dont il a besoin pour vivre, une maladie qui s'attaque au souffle : l'asthme.
Au premier plan, un bouquet de mimosa que la jeune femme tient contre son coeur. La couleur jaune vif des fleurs contraste avec le fond lugubre de l'image. C'est un peu comme un rayon de soleil. Ce mimosa a une importance toute particulière dans ce roman, il n'a pas été placé là par hasard. Mais je vous en reparle plus tard.

Voici le résumé figurant au dos de l'ouvrage :
"Une inspiration…une expiration…un soupir…
La vie de Mercedes se résume à cela. A 19 ans, elle souffre d’un asthme sévère et ne peut profiter de sa vie comme elle le souhaite.
Voyant qu’elle passe à côté de toutes les expériences qu’elle devrait vivre durant son adolescence, une étrange petite fille va venir à sa rencontre afin de lui apprendre à profiter de sa vie.

L’asthme est une maladie commune, mais pas moins grave pour autant. Découvrez l’histoire d’une jeune fille qui se bat pour survivre, pour soupirer son requiem…

Une partie des gains relatifs à la vente de cet ouvrage sera reversée à la Ligue Pulmonaire Fribourgeoise."

Un petit mot de l'auteure concernant ce roman :
  "Cette histoire n'est pas autobiographique. Fortement inspirée de mon vécu, elle s'éloigne cependant de ma propre vie et met en scène un personnage pas si inventé que ça. En effet, Mercedes doit son prénom à une jeune fille qui s'appelait également ainsi et qui est décédée d'une crise d'asthme peu avant ses 20 ans. J'ai choisi de mêler une part de fantastique à cette histoire afin de l'adoucir. Mais cette part reste cependant minime pour que les lecteurs n'oublient pas qu'il s'agit d'une réalité, que cette maladie est grave et qu'il est important d'apprendre à mieux la connaître. 
Une partie des bénéfices relatifs à la vente de ce livre sera reversée à la Ligue Pulmonaire Fribourgeoise : http://www.lung.ch/fr/freiburg/startseite.html"

"En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d'être heureux." [Marc-Aurèle]



Parlons un peu des personnages.
Le personnage central de ce roman est Mercedes, une jeune femme de 19 ans comme les autres... ou presque : Mercedes souffre d'asthme depuis 4 ou 5 ans. Cette maladie l'empêche de profiter de la vie et l'enferme peu à peu dans l'isolement. Elle a peur de gâcher la vie de ceux qui la côtoient et elle préfère ne pas se lier avec trop de monde. Sa mère se fait beaucoup de soucis pour elle et Mercedes culpabilise de devoir lui imposer ça. Elle tente de se cacher un peu derrière un masque pour faire croire à ses parents que tout ne va pas si mal.
Pour ajouter à son malheur, elle se trouve confrontée aux railleries, aux remarques blessantes et au jugement de certains de ses camarades de classe et est même la cible d'un professeur qui ne se gêne pas pour la harceler. Sa vie est rythmée par les crises, toujours plus nombreuses et intenses. On peut se demander comment elle arrive à supporter tout cela. Mercedes a deux amies fidèles sur lesquelles elle peut compter et s'appuyer.

Ce sont Alice et Coralie, deux jeunes femmes dans la même classe qu'elle qui la soutiennent et l'aident dans les moments les plus difficiles. Elles sont toujours là pour Mercedes, de véritables petites ange-gardiennes. Elles connaissent parfaitement la maladie dont souffre Mercedes et savent réagir durant les crises.
Elles défendent farouchement leur amie et n'hésitent pas à faire face à ceux qui osent la critiquer.

Le dernier personnage dont je vous parlerai est une petite fille qui apparaît mystérieusement dans la vie de Mercedes. Lors de leur première rencontre, la petite fille vend du mimosa. Ce fameux mimosa que l'on retrouvera plus tard dans l'histoire. Cette étrange gamine d'à peine huit ans qui semble tout connaître de Mercedes va tenter de la convaincre que malgré sa maladie elle doit profiter de la vie qui lui est offerte.


D'autres personnages peuplent ce roman : en particulier un jeune homme qui tiendra une place importante dans la vie de Mercedes. Mais chut ! Je vous en ai déjà trop dit. ;-)

Mon avis concernant ce roman :
Ce roman est un savant mélange d'émotion, d'information et de fantastique.
L'auteure, par le biais de cette magnifique histoire, essaie de nous faire prendre conscience que cette maladie que l'on appelle asthme est bien plus grave que ce que la majorité d'entre-nous pense. On peut mourir d'une crise d'asthme. Un asthmatique n'est pas seulement une personne qui éprouve une gêne respiratoire et qui résout le problème en prenant simplement une dose de Ventoline. En lisant ce roman, on comprend très vite qu'une personne asthmatique est une personne perpétuellement en danger de mort. Les traitements médicaux sont pour les personnes atteintes gravement un moyen d'obtenir un sursis mais jusqu'à quel point ?

J'ai été bouleversée par l'histoire de Mercedes et bluffée par la justesse avec laquelle l'auteure a su décrire les sentiments de son héroïne. Lorsque j'ai commencé ma lecture, je me suis dit que l'auteure avait fait un excellent travail de recueil de témoignages auprès des malades pour arriver à un résultat aussi fort et aussi crédible. C'est alors que j'ai appris que les crises décrites dans ce roman ne sont autres que les crises qu'elle a personnellement vécues. En apprenant ceci, je n'ai pas été surprise du tout. Voilà pourquoi, dans la présentation qu'elle fait de son roman, Tiffany Schneuwly dit que, bien que n'étant pas autobiographique cette histoire s'inspire de son vécu.

Qui de mieux qu'une personne asthmatique pourrait décrire les tourments et la souffrance intérieure provoqués par cette maladie ?

Parce que c'est là le point fort de ce roman : on ne nous parle pas de la maladie d'un point de vue purement médical mais, au contraire, on nous fait vivre cette maladie de l'intérieur. Nous souffrons avec Mercedes lors de ses crises, nous partageons ses soucis, ses peurs, ses craintes.

L'accent est aussi fortement mis sur les conséquences de l'asthme sur la vie de tous les jours. Car l'asthme ne provoque pas uniquement un chaos dans le corps des malades. Il sème aussi le désordre dans leur vie sociale, amicale, "professionnelle"...

La petite fille dont je vous ai parlé plus haut, apporte une touche de fantastique au récit, une touche discrète mais bien dosée. Si l'auteure avait accordé une place plus grande au fantastique, son texte aurait perdu un peu de force et son message n'aurait pas été aussi puissant.

Car oui, on sent que l'auteure souhaite nous faire passer un message. Elle souhaite que chacun prenne conscience de la gravité de cette maladie. Elle souhaite qu'à l'avenir tout le monde prenne un peu plus au sérieux cette maladie. Elle souhaite qu'on arrête de penser que les personnes atteintes d'asthme se servent de leur maladie comme d'une excuse infondée.
L'asthme est une maladie grave, on peut en mourir !

Remarque : il ne faut pas s'étonner en découvrant que Mercedes est en dernière année de collège, qu'elle prépare le bac et qu'elle souhaite entrer à l'université l'année suivante. J'ai moi-même eu un moment de réflexion en lisant ceci mais, il faut bien garder en tête que Tiffany Schneuwly est suisse. Le système scolaire suisse est différent de notre système scolaire français.

Ce roman ne se lit pas, il se dévore. Ce roman n'est pas larmoyant, il est émouvant et intense.

La plume de l'auteure est fluide, délicate et sûre, par moments presque poétique. Un style simple, qui se lit avec très grande facilité mais qui n'en est pas pour autant dépourvu de richesse : les scènes de crise sont particulièrement réussies, leurs descriptions sont précises et fortes.


En conclusion :  
"Le requiem d'un soupir" est un véritable cri du coeur, un appel à la tolérance.
C'est une lecture qui m'a vraiment émue (n'oubliez pas de garder à portée de main une boîte de mouchoirs si vous êtes un peu sensibles). On sort transformés de cette expérience que l'auteure nous fait vivre, lavés de nos préjugés concernant l'asthme.

Un roman à lire absolument !

En plus, en achetant ce livre, vous ferez une bonne action puisque une partie des bénéfices sera reversée à la Ligue Pulmonaire Fribourgeoise : http://www.lung.ch/fr/freiburg/startseite.html"


Je souhaite remercier chaudement l'auteure, Tiffany Schneuwly, pour m'avoir permis de découvrir ce magnifique roman.